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Le blog artistique de Michel Théron
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Impermanence

Impermanence

D.R.

O

 

n connaît les jardins secs au Japon, dans la tradition du Zen. Ils ne comportent que des rochers et du sable, que le moine méditant ratisse tous les jours. Comme à chaque fois les sillons changent de place, on a là une illustration d’une notion bouddhique fondamentale, celle de l’impermanence. On peut l’imaginer en regardant cette photo, qui miniaturise le sujet. Ainsi chez soi chacun peut-il avec le mini-râteau refaire en acte la méditation zennique.

Qu’aucune prévision ou modélisation humaine ne puisse rendre compte du fond des choses qui sont toujours en changement, c’est une évidence pour quiconque réfléchit un peu.

Dans la tradition chinoise Lao-Tseu dit que le Tao qu’on peut nommer n’est pas le Tao de toujours, et que la Grande Image n’a pas de forme. Voyez aussi la tradition occidentale de la théologie négative, ou apophatique. De Dieu on ne peut dire que ce qu’il n’est pas. Il excède tout ce qu’on peut formuler à son sujet. Dans l’Islam aussi Dieu est plus que tout ce qu’on en peut penser (Allah Akbar).

Finalement, cet Essentiel qui depuis toujours hante les hommes et échappe à leur compréhension peut équivaloir pour nous au Hasard. Tout s’enchaîne certes dans le monde avec une série déterminée de causes (le bouddhisme a bien insisté aussi là-dessus), mais l’ensemble n’a pas de but ordonné à nos désirs. Les sillons tracés dans le jardin de sable sont bien causés par les dents du râteau, mais le nombre de leurs formes possibles est infini. Et de même pour la disposition des pierres. Comme disait Mallarmé : Un coup de dés jamais n’abolira le hasard.

Ce mini-jardin sous forme de mini-jeu quotidien mérite qu’on s’y attache. Il fait litière, si on le pratique en méditant, du désir que nous avons que notre vie soit guidée et protégée par une Providence quelconque, soit l’objet d’une bienveillance particulière de la part d’une Puissance supérieure. En fait il accoutume à la présence dans nos vies du Divin Hasard.

 

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