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Le blog artistique de Michel Théron
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La Revanche des nuages

La Revanche des nuages

D.R.
La Revanche des Nuages

D

 

ans la vie ordinaire chaque chose à sa place, et une place pour chaque chose. Mais que des fragments de ciel viennent à se délocaliser, et se plaquer sur le rideau et les petits bois d’une fenêtre, et aussitôt nous voilà dans une autre dimension que celle de la vie dite réelle. On peut la dire surréelle, en pensant ici, par exemple, à l’œuvre de Magritte.

C’est la vision des rêves, et on sait que la logique onirique rend possibles des collisions d’éléments impossibles dans la vie éveillée. Les contraires habituels n’y sont point perçus contradictoirement. Il y a là sans doute une autre raison qui se dévoile, plus large que l’autre.

C’est celle de certains êtres qui sont fascinés par le bleu du ciel et son blanc mobilier de nuages. Les contemplant depuis une fenêtre, ne pourraient-ils les voir entrer dans la pièce où ils se trouvent, comme sur ma photo ? Alors que dira-t-on de ces spectateurs hallucinés ? Que, s’ils prennent leur vision pour du réel, ils sont atteints de folie, même douce ? Comme on le dit de ceux qui sont dans les nuages ?

Mieux vaut y être, en tout cas, que dans la sordide réalité. Un contemplateur des nuages ne fera pas de mal à son prochain. Est-ce vivre que vouloir arriver, comme on dit, être dupe de la représentation, suivre un beau plan de carrière, en piétinant ses rivaux, et en courtisant des supérieurs ? C’est ramper verticalement. Le problème n’est pas d’arriver, mais l’état dans lequel on arrive.

À cela échappera évidemment mon amoureux des nuages, mon nubophile. Il restera fasciné de leurs mouvements, plus ou moins rapides selon la force du vent, et il s’amusera à voir, par paréidolie, dans leurs formes toujours changeantes des choses toujours nouvelles. C’est un plaisir sans fin, différent de l’éréthisme toujours déceptif de ses contemporains consuméristes.

À lui donc finalement je dédie ma photo, comme à un des rares êtres encore innocents subsistant sur la terre.

 

***

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