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ur la dune le vent emporte le sable, courbe les oyats. Rien ne semble lui résister. Il souffle où il veut. On ne le voit pas, mais on entend sa voix. Est-ce un appel ? Un avertissement ? N’est-ce pas plutôt un écho à ma propre respiration ? Et si, lui prêtant attention, je laissais le Souffle souffler en moi ? Peut-être alors renaîtrais-je à moi-même ?
On aura reconnu que ma méditation ici s’inspire du début de l’évangile selon Jean. Nouveau Nicodème, j’essaie de comprendre comment un homme peut naître à nouveau en écoutant le Vent, ou le Souffle, ou encore l’Esprit (c’est le même mot, pneûma, dans le texte grec).
Le Vent balaie tout ce qu’il rencontre, et pareillement en nous il fait litière de toutes les certitudes. Par souci de confort, nous nous arc-boutons sur des idées bien établies, que nous sollicitons comme réponses à toutes les situations que nous traversons. Mais la réalité est autre...
Sans doute avons-nous connu au contraire un état de grande plasticité, où nous pouvions avec grande curiosité accueillir ce qui venait à nous. C’était celui de notre enfance, ouverte au monde et à ses surprises. Mais cette disposition d’accueil a disparu derrière nous. L’adulte que nous sommes devenus n’est plus qu’un bloc de jugements portés sur tout ce qui se présente. Il fait peut-être encore illusion en société, comme ces étoiles dont la lumière continue de nous parvenir alors qu’elles sont mortes depuis longtemps. Mais l’entourage proche voit bien vite son emprisonnement dans la psychorigidité.
Le Souffle du Vent entendu en soi, comme un écho lointain de l’enfance primordiale, détruit tous les jugements, toutes les appréciations toutes faites et péremptoirement assénées. Nous croyons penser avec certitude, et il nous contredit, comme sur un lac il suffit d’une risée pour brouiller ce qui s’y reflète. Alors on comprend que puisse se faire une renaissance. De mort spirituellement qu’il était, l’adulte revient à la vie, s’ouvre à l’accueil dans le Grand Rire du Vent.
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