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e cadrage d’une photo dit beaucoup sur sa signification. Ici la statue est reléguée dans un angle, tandis que le tronc de l’arbre (un platane) est valorisé en occupant la plus grande place.
La statue est peut-être le souvenir d’un homme disparu, à moins qu’elle incarne un rêve du sculpteur. On ne sait, vu son éloignement. Néanmoins on ne peut dire qu’en elle est une quelconque vie, sinon par métaphore, en se souvenant de Pygmalion, qui de toute la chaleur de son désir a animé Galatée.
On ne peut en dire autant de l’arbre, qui a l’air de bien se porter. La sève y circule avec profusion, c’est au moins ce qu’on imagine. Et dans ce jardin public il incarne me semble-t-il la vie et son déferlement, que l’art (la statue) ignore apparemment. Ce sont deux mondes, ici confrontés, mais antinomiques l’un de l’autre. Il faut retenir la leçon : l’art est hors-vie, il séduit certes, mais dans certains cas celui qui s’y donne peut bien lâcher la proie pour l’ombre. C’est au moins la remarque que je me fais, à de certains moments de découragement. Et alors l’envie me vient d’embrasser un arbre, bien vivant lui, de devenir adepte de la sylvothérapie.
Mais si froide et morte est cette statue, je dois ici penser aussi à d’autres, à ces hommes-statues, dont je vois autour de moi beaucoup d’exemples. Eux aussi ils sont intérieurement morts, même s’ils peuvent faire encore illusion dans le Grand Théâtre. Combien en connaissons-nous, de ces personnes psychorigides et fossilisées, qui se statufient par la répétition machinale des idées toutes faites, et surtout des jugements, qui signifient et signent la mort spirituelle de celui qui les émet !
Ils pourraient prendre exemple sur ces enfants qui jouent avec liberté et curiosité dans ce jardin public, et qui pourraient leur donner une leçon : ne peuvent-ils revenir à la vie qu’ils connaissaient quand ils étaient enfants, et à laquelle ils sont devenus maintenant infidèles ?
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