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Le blog artistique de Michel Théron
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Saison mentale

Saison mentale

D.R.

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Mon automne éternelle ô ma saison mentale... » Je ferais aussi mienne cette invocation d’Apollinaire. C’est dans l’automne en effet que je me sens le plus chez moi. C’est là qu’est ma patrie.

Le printemps est un déluge de sève, la vie y est exubérante, et sa prolifération aveugle peut mettre mal à l’aise, car on y sent bien l’absence de tout dessein, hors son propre renouvellement, son désir simple de persévérer dans son être. C’est une explosion, certes, mais qui peut par son indifférence provoquer un cœur meurtri. Au moins est-ce là ce que je sens : une insolence de la Nature, qui pour moi caractérise l’humeur ou l’ambiance du printemps : le spring mood.

Quant à l’été, c’est la saison de l’accablement. Au moment où j’écris [septembre 2022] nous venons de passer une canicule de quasiment trois mois, pendant laquelle nous n’avons fait que suffoquer. – La lumière estivale aussi est zénithale, les plans ne sont pas étagés, rien n’a de relief, c’est le cauchemar du photographe. – Enfin l’été est la saison qui voit se réaliser sa propre attente, et il inclut une tristesse inhérente à l’effectivité de toute promesse exaucée. – Pour toutes ces raisons psychologiquement la chose est accablante, générant l’acédie ou désenchantement propre au Démon de Midi des Psaumes.

Non, vraiment, c’est l’automne qui m’agrée, avec sa lumière oblique, étageant les plans, mettant en relief toutes choses. C’est aussi une lumière de fin du jour, très attirante. Comme s’il y avait un lien entre la fin de la vie de la Nature et celle de l’Homme, engendrant à la fois mélancolie et sagesse. La mélancolie n’est pas la tristesse. Un passé défunt est là qui sourit. C’est la saison non pas de la voracité et de l’agitation constante, mais des bilans : la Mémoire s’y invite, avec la transfiguration des choses qu’elle opère. Et ce moment n’est pas sans charme.

Pourquoi n’ai-je pas parlé de l’hiver ? Saison du retrait, il faut l’aimer aussi en tant que telle, selon le conseil de Lao-Tseu : L’œuvre accomplie, retire-toi : c’est la loi du Ciel.

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