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ous poursuivons dans nos vies, de façon souvent effrénée, des projets dont la réalisation s’avère chimérique, car sans commune mesure avec ce que nous en attendions. C’est une fuite en avant, où nous passons à côté de nous-mêmes, et des choses elles-mêmes. Et si alors, tout autre dessein écarté, nous décidions de faire une halte, de nous poser, de simplement regarder ce qui se trouve devant nous ?
On dira que ce n’est pas toujours grand-chose. Mais au moins cela existe-t-il réellement, tandis que ce que nous poursuivons n’existe que dans notre imagination.
Vois : minimales sont les composantes de cette photo, et pourtant à combien de sujets de méditation amène-telle ! L’ombre reflétée du haut, fragile car soumise au moindre ris du vent, invite à penser l’universelle impermanence. Et le brin d’herbe émergé, dédoublé par son reflet aussi net que lui, permet de voir le peu de réalité au fond de toutes choses. Et quel calme aussi de dégage de l’ensemble ! Vis donc l’instant, seul accordé à ta mesure, et seule réalité tangible pour toi :
Peu de chose
Moins que rien
S’y dépose
Tout dessein
La vie passe
Sans égard
Peu d’espace
Au regard
Rien n’attends
De ta vie
Hors l’instant
Que tu vis
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Ce texte est tiré de mon livre Quand parlent les images, publié chez Amazon (2025), et commandable sur son site :